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Montagne, Montagnettes et Montagnard(e)s...

17 juin 2009

SUR UNE CIME PERCHES

Ce week end (13 & 14 juin 2009), l’action se passe dans le parc des Ecrins, en Oisans.

P6130092Ce territoire (91 800 hectares) s’étend entre les villes de Grenoble, Gap et Briançon et est délimité par les vallées de la Romanche, la Guisane, la Durance et par le Drac… Qui plus est, possède de nombreux sommets dont le point culminant à 4 102 m d’altitude est la Barre des Ecrins ; nombreux sommets disais-je dont l’appel ensorcelant - v’ouais, comme celui des sirènes d’Ulysse - nous oblige, non pas à nous boucher les oreilles et à nous ficeler comme des saucissons mais à dépasser nos limites physiques et mentales parfois, pour les vaincre.

Notre kif à nous, pour ces deux jours ensoleillés - garantie Darty météo - est la Cime du Vallon dont l’altitude de 3 409 m ne nous demandera pas un réveil trop matinal. Une course donnée comme facile par notre topo ; ce à quoi personne ne trouvera à redire. C’est quand même la première course de haute montagne de la saison pour nous !

Inutile donc de partir aux aurores et je suis déjà sur le trottoir (!?) en ce samedi matin vers 8 h, dans l’attente de mes compagnons de vadrouille, Didier, Guy et Georges. C'est à peu près à l'heure planifiée qu'ils me cueillent aux portes de ma maison. La voiture, comme à son habitude, est chargée à bloc : sacs à dos, cordes, chaussures, crampons, piolets, casques et tutti quanti… et un petit cake aux olives et lardons cuisiné en plus de mes casse-croûtes et à partager ; histoire de démarrer la ballade sous de goûteux hospices !

Quelquefois voyez-vous, il est bon de commencer les choses par le réconfort, l’effort venant ensuite n’en sera que mieux accompli.

La route est tranquille jusqu’à la sortie du village de la Chapelle-en-Valgaudemar (1 100 m d’altitude), point de départ du sentier qui doit nous mener au refuge de l’Olan, petit refuge de pierre perché à 2 350 m d’altitude dans un cadre magnifique. La dénivelée est donc de 1 250 m en montée progressive et constante sur un chemin étroit et caillouteux qui serpente à flanc de montagne et n’offre pas beaucoup de zones d’ombre pour nous protéger des rayons d’un soleil un peu trop besogneux en ce jour.

Mais nous avons décidé de marcher en profitant du paysage ; souvenez-vous : rien ne sert de courir... P6130105

Ainsi, Didier et moi, chacun de notre côté, prenons le temps de faire de belles photos que je ne manquerai pas de mettre en partage ici pendant que Georges essaie de résoudre son problème de chaussures qui lui fait un peu mal aux pieds - compeed, le meilleur ami du randonneur mal chaussé ou à chaussures neuves - et que Guy, décidé à battre les informations du panneau indicateur consulté en début de randonnée, trace comme un forcené.

Rien ne presse : la montée signalée effectivement en 3 h 30 nous prendra, à nous trois, à peine un peu plus de 4 h - Guy la fera en 3 h 15 - car nous autres, ménageons nos forces en vue de la course du lendemain. Il est si bon de prendre son temps, de se poser un peu pour discuter, de tremper les pieds dans l’eau glacée... brrrrrrrr… du torrent qui nous accompagne en sens inverse de notre ascension et de contempler les merveilles de la nature. D’ailleurs, une marmotte nous filera sous le nez à vitesse grand V, sans doute effrayée par l’ineptie de certaines de nos conversations !

Et le rêve devient réalité - oui, je l’avoue, cela faisait un moment que j’y pensais - quand arrivés au refuge, nous nous installons pour déguster une bière fraîche et flemmarder jusqu’à l’heure du dîner. Ah… bonheur des choses simples telles la première gorgée de bière et la douceur d’une fin d’après-midi au soleil !

Puis, nous préparons nos sacs pour le lendemain en laissant sur place, dans des bassines en libre utilisation, tout ce qui ne sera pas nécessaire à la "grimpette" programmée. Nous récupérerons le tout au retour.

Nous partageons la table du repas du soir - soupe de lentilles, spécialité de saucisses locales aux herbes, fromage et gâteau au yaourt maison - avec un groupe du club alpin de Gap pas piqué des vers et qui nous fera bien rire ; particulièrement l’un de ses membres, Monsieur-je-sais-tout-qui-a-pêché-la-sardine-qui-a-bloqué-le-port-de-Marseille !!!

P6130131

Le lendemain matin, lever à 5 h pour un départ à 6 h vers la Cime du Vallon. Le jour est déjà là : la lampe frontale sera donc inutile. Je fais juste quelques photos pour capter le rougeoiement du ciel au-dessus des montagnes, nous prédisant que le soleil sera à nouveau de la partie aujourd’hui… Et go !

Nous atteignons très vite la limite en neige de la course où nous faisons un arrêt pour chausser nos crampons. Didier et Georges s’encordent. Guy et moi restons en électrons libres de nos mouvements. Du coup, j’en profite pour prendre un rythme un peu plus rapide et me permets un dépassement en règle. Je me sens bien. Il ne fait  même pas froid, je n’ai pas de gêne respiratoire liée à l’altitude - merci le jogging - et mes pensées guident mon pas, calme, régulier et assuré sur une neige dure et agréable à mordre avec les crampons.

1er arrêt sur un monticule de rochers : cela fait quasiment deux heures depuis le départ du refuge que nous marchons et nous allons passer aux choses plus sérieuses.

Tout le monde est encordé et il faut désormais suivre le pas du 1er de cordée, Didier… un peu saccadé à mon goût mais la haute montage est une affaire d’équipe et de discipline donc je suis.

P6140139Nous restons à l’ombre d’une barre rocheuse et avançons ensemble. La montée est sans histoire si ce n’est le passage un peu raide d’un mur de neige et rochers que nous franchirons prudemment mais sans difficulté.

Après avoir dépassé une dernière pente assez abrupte (sans doute entre 40 et 45 degrés), nous atteignons l’arête neigeuse annonçant la proximité du sommet, bordée de nombreuses corniches prêtes à s’effondrer au moindre remous. Nous longerons cette arête pendant une centaine de mètres avant d’escalader la dernière portion rocheuse et accéder au top où la vue nous coupe le souffle et où nous nargue le Pic de l'Olan, proche voisin de la Cime du Vallon.

C’est toujours un moment spécial et heureux que celui-là : victoire sur la montagne mais plus encore victoire sur soi. Je félicite «mes» hommes et leur colle deux gros bisous sur les joues. Juste pour dire «merci» - une petite contrepartie des deux ou trois fois, lors de nos différentes sorties, où sous le coup de la fatigue ou de l'énervement et d'une vanne de trop, j'ai osé les envoyer promener "chaleureusement" (?). Oups... je n'ai pas dit que j'en étais fière non plus.    

Nous redescendons sur les rochers pour nous mettre à l’abri du vent froid qui souffle tout là-haut et faisons une collation bien méritée et requinquante. Il est 10 h passées et nous dévorons comme des affamés. La montagne, ça vous gagne mais ça vous creuse aussi !

La descente sera plus rapide mais assez éprouvante : la neige a fondu et rend la marche moins sûre en chassant sous nos pas ou en se collant en gros tas traîtres et glissants sous nos crampons que nous bottons parfois. Il faut aussi se méfier de certains passages escarpés dans lesquels roche, neige et glace menacent de nous faire chuter. La fatigue se fait sentir maintenant et puis, quelquefois, la neige (soupe de neige) s’effondre sous notre poids - enfin, surtout sous celui de mes compagnons de cordée qui m’en voudraient presque d’être plus légère qu’eux… morte de rire - et nous oblige à puiser dans nos forces pour nous sortir du trou - ce qui ne se fait pas sans quelques "saperlipopette", "scrogneudidju" et autres rares noms d'oiseaux !   

P6130098Mais bon an, mal an, nous triompherons de toutes les embûches et rejoindrons le refuge de bonne humeur pour rassembler tout notre équipement et attaquer la descente jusqu’à la voiture.

Cette descente-là est plus pénible encore. La fatigue nous grignote de plus en plus. Le sac est de plus en plus lourd sur nos épaules endolories, les pieds sont en compote dans les chaussures rigides et voudraient s’évader de leur carcan «coqué». En plus, on dirait que les cailloux sont encore plus nombreux sur le chemin et qu'ils font exprès de nous faire trébucher…

Contrairement au dicton, ce n’est pas la montagne qui vient à nous mais nous qui sommes allés à elle alors, à nous aussi, de nous en retourner !

Toutefois, le ciel se couvre et la chaleur diminue. Une brise rafraîchissante nous ravigote et nous pousse un peu. Les éléments - vent, nuages, grisaille, grondements du tonnerre - nous mettent la pression. Enfin, la voiture… Yeah !!! Et l’orage se déchaîne comme un démon en pétard mais trop tard, nous sommes déjà à l’abri. Du refuge, il nous aura fallu un peu moins de 2 h 30 pour retrouver notre véhicule sauveteur. "Car, sweet car !"

Bientôt comme à l’accoutumée, nous nous attablons au bistrot du coin pour nous délecter d’un bon panaché citron vert et nous réjouir de nos exploits et de nos plus de 4 600 m de dénivelée cumulée effectués sur deux jours.

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18 mai 2009

BOMBANCE ET FESTOYANCE A TREVOUX

Oui, je sais bien… Je n’ai pas été très assidue ici depuis quelque temps, non pas de ne rien avoir à dire car le rythme des sorties en escalade ou balades montagnardes se maintient contre vents et marées mais la plume s’est asséchée entre mes doigts ces derniers temps. Je n’avais pas envie de raconter, ma muse s’était enfuie pour une escapade… sans délai de prévenance, ni date de retour.
Là voilà revenue à l’occasion… d’une occasion différente de ce que vous avez pu découvrir en ce lieu jusqu’à maintenant.
Je ne vais donc pas résister à l’envie d’immortaliser cet événement d’une teneur primordiale.

Oyez, oyez donc Gentes Dames et Nobles Seigneurs, l’histoire d’un événement pas comme les autres, unique et d’importance : fêter le dépassement d’une étape, que dis-je : le passage d’un cap d’envergure que chacun notera à sa juste valeur, soit - résonnez clairons et roulez tambours - le franchissement, euh… non pas de la ligne Maginot, (c’est déjà fait ça), mais de la…  soixantaine  par notre ami Guy.P5160216  

Nous voici donc réunis autour d’une table sympathique dans le jardin trévoltien en ce samedi 16 mai (la vraie date, c’est le 22 avril) et sous un soleil radieux que rien ne laissait d’ailleurs augurer la veille.  Comme quoi, il n’y a de la chance que pour la canai… fine fleur trévoltienne.
Il y avait donc là, outre nos deux hôtes ci-après dénommés Annie et Guy, Simone et Henri, Dominique et Pingou… euh pardon et… Georges, Didier, Pascal et môôôaaaa… Les autres s’étant malheureusement fourvoyés dans de multiples activités qui ne méritaient sûrement pas le détour.
Tous là donc pour lever notre verre en même temps et souhaiter à notre râleur gai compagnon d’escalade et d’escapade un «API BEURSEDAI» ou si vous préférez en français moyen un «NOYEUX VARISERNNAIRE» !!!

La fine équipe – nous tous quoi – a su, je crois, faire honneur aux nombreux mets qui ont défilé sous ses yeux et aux bonnes bouteilles sorties tout droit de l’antre réservée à cet effet et appartenant au connaisseur que nous connaissons. La fête n’aurait pas été accomplie sans le «soufflage» des bougies d’anniversaire sur le gâteau du même nom en fin de ripailles : la difficulté de l’opération tenant au nombre conséquent d’années à commémorer. Mais celle-ci, fort heureusement, a été contournée par ce révolutionnaire et Ô combien salvateur concept de bougies numérotées, soit un 6 et un 0 en lieu et place de 60 petites chandelles. Succès garanti !!!

P5160225

A la suite de quoi, certaines (et oui, je mets cet adjectif indéfini au féminin car ces certaines-là en ont eu la primeur) ont eu droit, en priorité exclusive, à une dégustation de verveine (euh… pas l’infusion, l’autre !) maison et un génépi maison z’aussi. Levers de coude répétés et gloussements de satisfaction au rendez-vous !
Le tout bien évidemment animé de débats en tous genres : qui pour refaire le monde, qui pour relater ses exploits (?) de plus ou moins vieux ( !) montagnard ou spéléologue, qui pour défendre ses passions, ses aventures… dans la plus pure tradition du débat de repas, avec la fougue et le verbe indispensables en pareille circonstance.

Hélas, il n’est de bonne compagnie qui ne se quitte. A qui le prochain tour pour que l'on puisse encore chanter :

Joyeux aaaaaaaanniversaiiiiiiiireuuuuuu,  Joyeux aaaaaaaanniversaiiiiiiiireuuuuuu,

Et nos voeux les plus sincèèèèèèèèèèreuuuuu !!!!

29 avril 2009

LA MEME PAR GUY LE TREVOLTIEN

Nouveauté sur le blog de montagne : si la plume vous démange, soyez les bienvenus sur ce blog qui se fait un réel plaisir de s'ouvrir à vos essais de "littérature" sportive...
Et c'est donc par la personne de Guy Le Trévoltien - "mon" 1er de cordée, l'ami fidèle, le lanceur de défis, occasionnellement souffre-douleur lorsque la barre est un peu haute en ce qui me concerne - que l'innovation arrive ! Je vous laisse apprécier le texte ci-dessous qui relate notre péripétie à Grand Cormot en ce dernier lundi de Pâques.

BLOG ROC : «L’événement » 

Et oui, toujours à la recherche de nouvelles sensations, nous courons les falaises de bas en haut et de haut en bas.

C’est à la fin d’un doux dimanche d’avril, juchés en haut des falaises de Grand Cormot, après un effort soutenu pour venir à bout d’un 6a+ du  «Pilier de la Fissure Jaune» en compagnie de la douce Martine, que nous voyons apparaître, là, sur la falaise d’en face et quelque peu en contrebas un «casque bleu», symbole de paix et de sérénité.

Nous approchons dangereusement du bord, et qui reconnaissons-nous plaqué à la paroi, silencieux et concentré,  notre Idole et grand ami DIDIER.P1010410

Il ne nous a pas entendu et il est là, pendu à son clou, scrutant son environnement et l’air curieusement pensif.

Au bout d’un moment, j’y dis bêtement, histoire de nous signaler : «Ca va ?».

Il se retourne et y me répond : «Non, j’en chie».

Pas étonnant, vue la raideur de la paroi à ce niveau et le peu de prises apparentes, ça semble être du 6c.

Maintenant que je le photographie, il se met à bouger, pas facilement, mais il bouge, voire même il s’arrache, tant et si bien qu’il finit par poser sa dégaine au clou suivant et à s’y accrocher.

Le temps passe et une mignonne, tout en bas, qu’on ne voit pas à cause d’une proéminence, s’impatiente et demande ce qui se passe, se plaint parce qu’on ne lui dit rien, et tout et tout.

Encouragé par notre présence et l’intérêt que nous lui portons, notre Didier de Montmerle, se relance à l’assaut de la paroi et moyennant quelques grimaces finit par le sortir, ce 6 machin.

Chapeau pour sa première sortie en extérieur ! J’en suis jaloux .

Nous restons là, assis sur notre gradin, pour voir le spectacle de la moitié, euh... seconde qui va grimper. Quelques minutes après, la voilà qui pointe son nez à l’angle droit de la proéminence, 30 m en dessous. Comme elle nous sourit, je lui dis faussement étonné : «Et, mais c’est Dominique de Caluire, comment ça va ?».  «Les doigts dans l’nez» qu’elle me dit.

C’est vrai que c’est plus facile en dessous, il faut savoir attendre pour apprécier à sa juste valeur la performance de la donzelle.

Une fois qu’elle est arrivée au pied du mur, je lui lance sympathiquement :  «C’est maintenant qu’on va faire de belles photos» sur un ton qui sous-entend : «C’est maintenant qu’on va se marrer».

Elle regarde la paroi, répond : « Ah oui, bien sûr» et relève aussitôt le défi.

Elle monte, redescend, se bat, s’arc-boute, progresse un peu, patine, voir dérape, se bloque par une habile prise de «popotin» dans le baudrier et pour donner le change, l’illusion de la facilité, prend plusieurs poses gracieuses que je ne peux m’empêcher de mettre en boîte.

P1010422Malgré tout, encouragée, retenue juste ce qu’il faut par la corde (dosage Didier), elle progresse dans un style bien à elle, tout en  s’efforçant de garder le sourire (parfois crispé) et finalement, elle finit plusieurs minutes plus tard par sortir sa frimousse sur le bord supérieur de la falaise, au milieu de la végétation.

On la félicite, on la flatte, elle ne se sent plus de joie et ouvrant un large bec déclame tout de go : «Je vais faire une voie en tête». Elle eut dit : «Je vais faire une première» que cela ne nous aurait pas plus époustouflés.

C’est l’EVENEMENT, on descend tout ému, au passage on regarde rapidement le topo,  «groin de cochon», ou quelque chose comme ça, (la voie qu’ils viennent de faire) c’était du 6b  , pas mal tout de même.

Nous filons et nous voilà bientôt à pied d’œuvre, en fait au pied de «……… ? »

Dom prend résolument la tête de la cordée et je l’assure. Les 20 premiers mètres 4b/c ne se passent pas trop mal malgré quelques hésitations et les «Ah, dis donc, ça change en tête» ou   «j’ai les chocottes».

Elle fait une pause au pied des difficultés (mur plus raide et moins fracturé) et me dit : «Je pense que je vais partir à gauche, ça à l’air plus sympa».

Réponse du second (ma pomme) : «Pas question, la voie c’est tout droit. Après le 6b que tu viens de passer, un petit 5b se passe les doigts dans l’nez »  (petit rappel).

La pression monte, le sourire même crispé de tout à l’heure disparaît et fait place à des traits plus tendus (voir la photo, la seule de la voie - difficile d’assurer et de photographier à la fois).P1010426

Pour la rassurer, je décide de la rejoindre (petit relais).

Quelques encouragements par là-dessus et Dom se lance à l’assaut de la tour. Les gestes sont hésitants,  maladroits, minimalistes ; la posture est raide comme quand «on a la trouille».

Je lui dis : «Cool, décontracte toi, regarde bien ou tu poses les pieds, transfère bien le poids de ton corps d’une jambe sur l’autre… Là, voilà, c’est tout bon et tutti quanti…» et elle s’élève peu à peu jusqu’à un petit surplomb.

Là, les choses se compliquent, l’attente se fait longue, j’essaye, je redescends, je réessaye, je n’ose pas dépasser la dégaine (on connaît tous ça quand on se sent limite) et les commentaires accompagnés de petits jurons vont bon train «pff» , «j’ai trop chaud» , «j’ai les mains moites» , «oh là,là» et le reste ( jurons) .

Là-dessus arrive Martine qui monte aussi en tête et Didier qui la suit.

Il lâche inconsidérément : «Tu n’aurais pas dû la faire passer tout droit, je l’ai fait tout à l’heure et ce n’était pas si facile que cela. Martine,  toi, passe à gauche dans le dièdre ».

Bien sûr Dom a entendu et elle me dit : «Tu vois».

C’est qu’il nous file le doute, le diable ! Du coup je m’inquiète, il ne faudrait tout de même pas qu’elle chute et se fasse mal ou plus simplement qu’elle se fasse peur , abandonne et ne recommence pas de si tôt.

Pour dissiper le doute, je la supporte bruyamment  : «Vas-y, attaque, j’y crois, je suis sûr que tu peux, 5b ce n’est pas si difficile que cela » et comme elle continue à hésiter je lui lance : «De toute façon que tu y ailles maintenant ou plus tard, c’est du pareil au même . Alors autant y aller avant que la fatigue ne te gagne ». Et j’ai failli rajouter : «Et puis que tu chutes tout de suite ou plus tard, ça ne changera rien », mais l’heure n’était pas à la raillerie.

J’ai dû dire ce qu’il fallait puisque aussitôt dit, aussitôt partie.

La tension est à son comble, j’entends ses doigts crisser sur la pierre et on retient son souffle. Je m’apprête à avaler au plus vite en cas de chute ; roulement de tambour…  Et bien non, ça passe !

A la faveur d’une bosse je la vois disparaître peu à peu. La corde me file lentement dans les doigts et au bout d’un moment je m’inquiète : « Ca va, tu es bientôt en haut ? »

Réponse : «Pas encore, encore un peu ». Puis 2 minutes plus tard une voix enjouée m’annonce : « Ca y est, relais ! ».

OUF !

Je me lance à mon tour, gagne le petit surplomb, calcule rapidement mes gestes et me lance. Et bien non, ça ne passera pas comme cela, je suis obligé de redescendre un peu pour mieux analyser la manière de passer.P4130115

Je remarque : « Quand même, pas si facile que cela ce pas, il faut tout de même réfléchir ».  En haut, Dom jubile.

Martine de Rivolet  arrive à ma hauteur, sur la gauche, dans son dièdre, et nous échangeons quelques impressions avant que je reparte pour finir la voie.

A mon arrivée Dom est rayonnante, elle mitraille de photos, et laisse éclater sa joie quand je la félicite.

Elle jure même, pas trop tôt, qu’on l’y reprendra.

Même s’il est déjà tard, ça vaut bien une bonne bière aux halles couvertes de « Grand Cormot »

Et dire que nous n’avons même pas pensé à chanter à tue-tête, le verre levé : «Elle est des nô-ô-ô-tres, elle a fait sa voie en tête comme les au-au-tres».

Un roc-trotter.

Guy le Trévoltien

P.S. : obligée de rajouter quelques photos dans l'album que je suis !

17 avril 2009

ALLER PLUS HAAAUUUUTTTTT !!!

P4130085Un groupe petit mais déterminé semble t’il, se lance à l’attaque de la falaise de Grand Cormot ce lundi de Pâques : Martine, Guy, Didier et moi…
Chacun son truc : certains s’en vont à la cueillette des œufs en chocolat - ben v’ouiiiiii, ça continue le lundi ; certains encore attendent le retour des cloches - même si c’est dimanche qu’elle sont revenues ; d’autres sont en train de digérer leur fabuleux festin pascal dominical - blurp !
Et nous, fidèles à notre «vice», nous nous chargeons de notre matériel d’escalade et prenons la direction du lieu dit «Grand Cormot», département de Côte d’Or, région de Bourgogne - en quête de sensations et de légèreté.
Réputé pour sa falaise de calcaire, Le village de Cormot est l’un des plus anciens lieux pour la pratique de l’escalade en Bourgogne. Les références locales vous apprendront que la falaise, longue de près d’un kilomètre sur plus de 50 m de haut, a vu les premières armes des plus grands guides français : Gaston Rébuffat, Jean Cousy, Lionel Terray, Alfred Couttet.

La ville la plus proche est la cité médiévale de Nolay. Ce bourg sympathique a du mal à se réveiller en ce lundi matin tellement il est baigné dans une brume cotonneuse qui ressemble à de la barbe à papa. Nous non plus, on ne se sent pas très bien réveillés et pour se booster, nous décidons de démarrer cette journée par l’étape bistrot après avoir été chercher des croissants. C’est agréable de se retrouver bien au chaud autour d’une bonne tasse de chocolat ou de café fumant. La patronne est sympa qui nous offre un petit œuf en chocolat tout frais pondu !

Puis, cap sur la falaise qui nous attend les bras ouverts… ou plutôt parois offertes : pas un chat ni un grimpeur à l’horizon. Ce royaume est nôtre ! Un petit chemin nous emmène dans la campagne à la base du site où chacun s’active ensuite à s’outiller.
Moi, je vais étrenner mes nouveaux chaussons achetés l’avant-veille : de beaux chaussons au cuir souple et à la semelle vibram, conçus pour une grimpe de confort et de qualité -  euh… j’ose le croire - et d’un si beau vert qui rappelle celui des glaces à la pistache…
Je suis toute fière et le fais savoir.
Guy aussi a changé ses chaussons et les siens de la même marque que les miens, «Mythos» pour ne pas la citer, sont d’un beau marron qui rappelle la glace au café ou pralinée… Ceux de Martine sont bleus et ceux de Didier gris - glaces à quoi ?P4130092
Bon, c’est parti : on attaque par une voie que Didier nous annonce, à Guy et à moi, comme assez facile pour se chauffer : «L’Ecole»… M’ouais, j’ai des doutes ; pour Didier, tout est toujours facile. Et de ce fait, elle est plus longue et sophistiquée qu’il n’y paraît, certains passages ne se laissant surmonter qu’avec concentration et après réflexion. Parvenus au sommet, sur le plateau qui surplombe les environs et où il est possible de s’aventurer, le paysage est presque invisible, enveloppé de mystère blanc et ne laissant deviner que quelques silhouettes de quelques maisons et d’une ou deux églises.
Nous triompherons de la voie suivante : «Le Dièdre Oublié» malgré son pas de démarrage assez tordu qui m’obligera à «tricher» un peu car je serai contrainte de me tenir à la 1ère dégaine pour me hisser…
Engagez-vous, rengagez-vous qu’ils disaient ! Non mais je vous jure !

L’après-midi, le soleil se lève, il fait vraiment chaud à l’abri de ces murailles et nous ne sommes plus tout seuls.
Je grimperai en compagnie de Didier. Le personnage est silencieux, un peu trop à mon goût car je ne sais jamais où il en est. Les voies sont hautes et à certains moments, il disparaît de ma vue. Je dois donc me repérer au mouvement de la corde pour adapter mon assurage et quelquefois, j’entends un cri : «relais», «vaché» ; ce qui signifie qu’il est bien arrivé à destination, le sommet et qu’il s’est attaché à la chaîne ou au piton fixé là-haut et que tout danger est donc purement et simplement éliminé.
Heu… «vaché» = à ne pas confondre avec le vacher, personne qui emmène paître les vaches ; l’agriculture et l’escalade n’ayant d’autre point commun que ce terme et encore, avec un sens différent. Ne m’en demandez pas l’origine, je ne la connais pas.
P4130090Plus tard, Didier prend son temps pour terminer une voie, «Le Pilier de la Fissure Jaune», de niveau très supérieur à ce que moi, je fais habituellement et je me retrouve embarquée sur une ou deux dalles à peu près lisses dont je mettrai un temps fou à me sortir…  Pffffffff, j’ai eu un petit peu chaud mais ce n’est rien en comparaison de ce qui m’attend pour terminer la journée.

A chaque sortie et je vous l’ai déjà dit, j’aime bien faire au moins une voie en-tête, pas trop compliquée de préférence pour m’éviter de gérer, en plus du reste, une pression pour le moins inconfortable… Pourtant, cette fois-ci, quand je me lance toute seule comme une vraie grande sur cette voie dont on m’a pourtant assuré qu’elle était pour moi, j’ai à plusieurs reprises une trouille qui me serre l’estomac. C’est une chose que de faire de l’escalade en second avec une corde toujours tendue devant soi, qui garantit un maintien constant avec un risque quasi inexistant et c’est une autre que de partir avec rien devant, la corde juste derrière qui garantit… ce qu’elle garantit mais n’empêche pas un sentiment de mise en danger permanent. Certains passages sont délicats et plus d’une fois, j’ai envie de faire demi-tour et je fais savoir que j’ai peur. Mais les encouragements de Guy et aussi, il faut bien que je l’avoue, mon orgueil de teigne, me font serrer les dents et passer au travers de ma peur. C’est impressionnant comme je me mets à transpirer par moments, c’est comme si je perdais toute l’eau de mon corps et mes mains sont tellement moites qu’elles perdent en fiabilité - heureusement que j’ai mon petit sac de magnésie avec moi.
La seule attitude à avoir : me reposer un moment en me vachant  au clou le plus proche, puis respirer profondément en me calmant, me dire des choses gentilles et stimulantes et surtout, me convaincre que je vais réussir le challenge…. Râler, dire des gros mots, maudire la terre entière et surtout ceux qui m’ont entraînée ici - même si au final personne ne m’a mis le couteau sous la gorge - ça fait du bien aussi, alors ne pas se gêner… et je ne me gêne pas.
Mais je monte, je continue à monter et c’est ce qui compte et j’arrive au sommet et je crie «Victoire» avec un grand V.
Et c’est un tel sentiment de satisfaction, de dépassement et de joie qui m’envahit que c’est sûr, je recommencerai…. Oh oui, je recommencerai.

Victoire

Bon, inutile de vous préciser où on a atterri pour clore cette belle journée. Cette fois, on ne l’a pas raté… le bar !

P.S. : album photos à venir

7 avril 2009

JOURNEE DE GRIMPE EN PAYS DE MAURIENNE

P4050059Ce n’est pas très loin de ma ville natale, en pays de Maurienne, que nous sommes allés grimper ce dimanche : à Saint Léger – nom prémonitoire étant donné le sport auquel nous nous adonnons !

Commune de Basse Maurienne, Saint Léger se situe sur la rive gauche de l’Arc. Bien étagée sur les pentes tournées vers l’Est qui montent jusqu’à la Croix de Rognier, Saint Léger se compose d’une quinzaine de hameaux. La mairie et l’église sont curieusement isolées à côté de la falaise où se pratique l’escalade ; falaise qui domine le paysage et se targue de ses 70 mètres de hauteur. Il semblerait que ce site compte parmi les hauts lieux de l’escalade en Maurienne et il est même équipé d’un éclairage qui autorise la grimpe de nuit.

Il offre un grand nombre de voies originales de difficultés diverses en raison de ses caractéristiques : empilement de blocs aux surplombs géométriques et dalles très lisses, fissures, cheminées et dièdres.

Au pied de chaque voie est fixée une petite plaquette de couleur avec son nom dessus. Chaque couleur correspond à un niveau comme pour les pistes de ski : vert = niveau 3 à 4, bleu = niveau 5, rouge = niveau 6, noir = niveau 7.

Les explications du topo sont assez succintes pour se rendre en ce lieu et la sortie d’autoroute de Saint Pierre de Belleville n’existant pas, nous ratons celle d’Epierre qu’il nous aurait fallu prendre. Qu’à cela ne tienne, nous attrapons la prochaine, La Chambre, qui nous amène tout aussi bien là où nous devons être. Nous sommes quatre matinaux dans la voiture : Guy, Martine, Georges et moi.

Pascal, son fils Julien et son neveu Vincent ainsi que Stéphane sont en pleine installation lorsque nous débarquons au pied de la paroi. Le coin est joli avec sa petite église peinte en rose dont les cloches sonnent tous les quarts d’heure. Dommage que la proximité de l’autoroute gâche un peu la majesté et le calme du cadre !

La température est déjà douce, il n’est que 10 heures moins le quart et les cordées se forment naturellement. Comme d’habitude, Guy et moi, Georges monte avec Martine, les deux «gamins» : Julien et Vincent ensemble puis Pascal et Stéphane. 

Guy commence à se préparer sous mon oeil amusé tant il est vrai que je connais le personnage et ses drôles de petits travers.

Ainsi, vous devez tous savoir combien les chaussons sont un élément primordial de l'équipement du grimpeur. Certains choisissent une forme qui enserre plus étroitement le pied et permet une grimpe plus pointue mais du coup, le pied est tellement prisonnier de la chaussure que cela engendre une douleur très vite insupportable... et le grimpeur n'a d'autre choix tout au long de sa séance de grimpe que d'enlever et remettre sans arrêt ses chaussons.

D'autres grimpeurs - c'est le cas de Guy, le mien également et celui de nombre de nos potes de virée - préfèrent être à l'aise dans leurs chaussons (!) ; ce qui ne veut pas dire que l'on va moins bien grimper mais le plaisir reste intact.P4050061

En l'occurence, Guy vient de s'acheter une nouvelle paire de chaussons mais hélas trop... petites et doit, de ce fait, les changer très prochainement. En attendant, aujourd'hui, il a décidé de rester à l'aise côute que coûte et devient adepte de la mode néo-zélandaise en assortissant deux chaussons issus de deux "vieilles" paires et donc faire une "grave" (?) entorse à la "légendaire" (?) élégance vestimentaire naturelle des escaladeurs... Style, quand tu nous tiens !!!

none               

Sans complexe, nous attaquons une première voie toute en arête dont le nom laisse rêveur, «Feuilles au vent». C’est une voie assez facile, limite terrain d’aventure qui se fait en deux longueurs et dont nous venons à bout sans trop d’effort. Puis, plus sérieusement nous passons à une voie voisine au nom évocateur qui déjà, augure d’une plus grande complexité, «l’As». C’est ainsi qu’avant l’arrivée au 1er relais, une dalle lisse de quelques mètres va nous imposer finesse et réflexion si l’on veut s’en dégager. Heureusement, il y a quelques trous et quelques excroissances de relief qui nous aident à nous en tirer avec les honneurs et sans trop pester pour ma part !

La matinée passe ainsi très vite au gré des voies, «L’Année du Bac», «Mètre et Talon», «No Limits», «Sur le Fil du Rasoir», etc… entrecoupée de descentes en rappel, de petites séances photos où Guy prend des poses et quelquefois, se laisse surprendre…

P4050072

Il est environ 13 h 30 lorsque nous décidons de faire une pause casse-croûte bien méritée. Et c’est sous un agréable soleil printanier que nous savourons ce moment qui se termine toujours par la dégustation d’une bonne tablette de chocolat.

Durant les heures qui se sont écoulées, l’endroit s’est peuplé de nombreux escaladeurs venus en famille… Mais il y a de la place pour tout le monde ! Et puis, le village est animé aujourd’hui car s’y déroule une brocante qui draine les locaux de tous les environs.

Nous redémarrons l’après-midi par une voie qui en 2ème partie se corse, «Pics et pioches». Martine nous a rejoint car Stéphane ayant dû partir prématurément, Pascal s’est donc retrouvé seul et fait maintenant équipe avec Georges. Nous montons ainsi toutes les deux en flèche derrière Guy ; pas très longtemps toutefois car notre groupe continue à se déplumer avec le départ de Pascal et des «petits» vers 14 h 30. 

Restent Georges, Guy, Martine et moi qui n’avons pas fini d’en découdre avec ce beau rocher de granit. Et puis moi, j’aimerais bien à mon tour faire quelques voies en tête et avec Martine, nous nous dirigeons vers un secteur plus facile à dompter, laissant les deux derniers représentants masculins se débrouiller entre eux.

Nous arrivons ainsi à bout, chacune notre tour en tête, de deux voies pas si aisées au final. Le pas de démarrage de l’une d’entre elles est coté assez haut et s’avère difficile à franchir, glissant et raide ; ce qui nous donne l’occasion d’une bonne partie de rigolade au vu de certaines positions que l’une après l’autre, nous adoptons et dans lesquelles nous sommes loin de faire corps avec la paroi - style, quand tu nous tiens !

Mais nous avons vaincu et c’est cool !

Je sens que je progresse : c’est intéressant et satisfaisant de surmonter des difficultés grandissantes. Comme pour la course à pied, c’est la pratique régulière qui permet l’amélioration technique et donc le progrès. Le corps se fortifie en conséquence de l’activité et l’esprit acquiert de nouveaux réflexes adaptés à la situation. Je kif à donf !P4050057

Mais il est déjà 17 h 30, la fraîcheur tombe et nous devons rentrer. Vous n’allez pas le croire mais nous ratons le seul bar qui se trouve sur la route du retour et d’ailleurs localisé juste à côté du site de grimpe. C’est bien la 1ère fois que cela nous arrive ; disons que nous avons été surpris ensuite par la proximité de l’autoroute mais l’on ne nous y reprendra pas !

P.S. : j'ai aussi rajouté quelques photos dans l'album "Dentelles de Montmirail" et j'attends - encore ! - les photos de Guy qui compléteront l'album "St Léger"

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30 mars 2009

RANDO EN PAYS BLANC

Les week end se suivent et ne se ressemblent pas...C'est aussi une des composantes de ma passion pour la montagne : elle est là mais jamais la même.

La semaine dernière en pays de soleil et cette fois-ci en pays de neige...
Au coeur de la Savoie et du Parc Naturel Régional des Bauges, le Margériaz, sommet classique situé au-dessus de Chambéry
, grand frère de la Croix du Nivolet, révèle pour les uns - sans doute la grosse majorité - la station de ski d'Aillons, pour d'autres - plus rares - quelques sentiers de rando/raquettes et pour d'autres - encore plus rares -  un énorme réseau karstique assez engagé paraît-il.
Quelques phénomènes de ma "secte" - le Club Alpin Français de Villefranche sur Saône - et moi, nous faisons partie de la 2ème catégorie en ce dimanche matin froid et gris. Comme d'habitude, lever dès potron-minet*** bien que notre "grand organisateur" ait dans son incommensurable bonté (!) retardé d'une heure le départ pour compenser l'avancée annuelle du temps en ce dernier week end de mars.
La route est vite absorbée, seulement 160 kms jusqu'au village d'Aillons qui est aussi notre point de départ de marche.

Il a encore neigé ces derniers jours et le paysage qui s'offre à nous est loin d'être un paysage de printemps : la neige à cette altitude pas si haute pourtant - un peu moins de 1 000 m - étend son blanc manteau partout. La dénivellée aujourd'hui est de 900 m en montée progressive, parfois un peu soutenue mais le décor est féérique : le chemin traverse la forêt de Margériaz. Les arbres et arbustes ploient sous une épaisse couche de neige et forment une voûte fragile au-dessus de nos têtes. La montagne disparaît presque dans une atmosphère brouillardeuse qui lisse les reliefs. Il règne une ambiance feutrée ; la neige,  profonde et fraîche, atténue les sons et chacun avance à son rythme plus ou moins rapide.
Il y a là : Robert (l'organisateur de cette journée), Pierre, Eric, Pascal, Philippe, Georges, Jacques et les deux représentantes de la gente féminine, Gisèle et moi.
Quel décalage : il y a à peine plus d'un mois, j'étais sur une des ces îles du Pacifique sud si colorée, si chaude, si transparente  et aujourd'hui, je me promène dans un monde de velours blanc paisible à souhait, un monde qui semblerait presque hors d'atteinte de tous ces tracas de notre vie moderne. C'est étrangement reposant et même ressourçant ; il fait presque doux.

Après plus de deux heures de montée, on débouche sur le plateau, balayé par un vent glacial. La température, presque d'un coup, chute. Nous ne sommes plus à l'abri des grands arbres blancs mais à découvert et les conditions de marche se durcissent : il faut endurer la rigueur du vent.  On s'empresse de remettre bonnet, veste de montagne en gore-tex et gants. On ne voit rien : attention, aux trous qui parsèment le coin. Heureusement, ceux-ci ont été repérés par les vieux loups de montagne qui m'accompagnent mais Pierre ne cesse de me renouveler ses recommandations : "surtout, si tu poinçonnes, écarte bien les bras pour faire barrière".
On tourne environ une heure sur ce plateau. Il est plus de midi et demi et l'appel du ventre commence à se faire sentir, on décide alors de redescendre car il n'y a rien pour s'abriter et il est impossible de continuer à s'exposer à ces conditions météo qui rendent ce lieu si inhospitalier à présent.
La descente est avalée en à peine un peu plus d'une heure. C'est très agréable de se laisser porter par la neige qui amortit les pas ; on peut même prendre un peu de vitesse et s'amuser à faire tomber la neige qui alourdit les branches des arbres. Ce qui est mieux encore, c'est de les secouer juste au moment où quelqu'un passe dessous ; ce dont je ne me prive pas une ou deux fois... mais avec prudence tout de même car les représailles ne tardent jamais beaucoup !
Il est 14 h lorsque nous rejoignons les voitures et les premières maisons du village où nous repérons un endroit à l'abri offrant même quelques vieux troncs en guise de sièges qui nous permettront de manger en toute quiétude et avec un minimum de confort.

Puis, fidèle à la tradition, nous allons nous réchauffer au bar du coin. Il y règne une joyeuse ambiance où chacun y va de son anecdote ou d'une "andouillerie" de son cru. La ballade aura été courte aujourd'hui - à peine 5 heures - mais l'on n'est jamais déçu parce que l'on est si bien. Et puis, il y en a tant à faire !

Edelweiss

*** J'innove dans l'explication de texte : pour ceux qui voudraient connaître l'origine de l'expression "potron-minet", suivez les liens ci-après qui en donnent une claire voire rigolote explication.
http://www.francparler.com/syntagme.php?id=85  ou http://www.expressio.fr/expressions/des-potron-minet.php

25 mars 2009

A NOS RETROUVAILLES

Betty_BYeahhhhhhh... Je vous l'avais annoncé, le voilà : le blog nouveau est arrivé ou comment une apprentie gribouilleuse ne se résout pas à se taire.
Se taire ? Mission impossible. Comment puis-je m'arrêter en si bon chemin et si bonne compagnie, je vous le demande ? Un certain nombre (sinon un nombre certain) d'entre vous - vous, mes ami(e)s et vous, qui pourriez le devenir - m'avez confié le plaisir que vous avez eu à lire mes péripéties kiwies et... je vous ai crus. Tant et si bien même que j'ai pensé que je pouvais récidiver en vous contant quelques-uns de mes épisodes montagnards ici-même et avec photos à l'appui.
Car comme vous le savez ou pas, la montagne, ça m'a gagnée depuis un moment déjà ; c'est simple, je suis tombée dedans toute petiote puisque j'y suis née... même si je suis restée longtemps, très longtemps sans la fréquenter. Aujourd'hui, je ne vis pas très loin des plus beaux massifs montagneux des Alpes et ce, pour mon plus grand... équilibre.

Cela fait donc un mois que je suis rentrée de cet inoubliable pays kiwi et tant bien que mal - plutôt mal au final - je me réadapte à la vie que l'on dit "normale" - franchement, de quelle norme parle t'on ?
Enfin, j'ai retrouvé mon petit monde et nous avons repris nos pérégrinations de marcheurs, grimpeurs, alpinistes, ascensionnistes... tout ce qui peut se faire à flanc ou sur arête de montagne.

P3210576C'est ainsi que ma première histoire démarre ce week end de printemps et je pourrais la commencer comme commencent toutes les histoires : il était une fois un beau massif montagneux appelé les Dentelles de Montmirail, très réputé pour l'escalade...
Et oui, c'est aussi dans ce "royaume" qu'une partie du film "Les Visiteurs" a été tourné ; souvenez-vous de Godefroy de Montmirail et de son fidèle Jacquouille la Fripouille.
Les Dentelles de Montmirail sont une chaîne de montagnes du Massif des Baronnies en Provence, dans le département du Vaucluse (84). D'une longueur d'environ huit kilomètres et situées au sud de Vaison-la-Romaine et à l'ouest du Mont Ventoux toujours enneigé à cette époque je vous le confirme, ces montagnes doivent leur qualificatif de "dentelles" à la forme obtenue par l'érosion de la roche et celui de "Montmirail" au latin "mons mirabilis" qui signifie "mont (ou montagne) admirable". Et croyez-moi, elles le sont, admirables !
Les sols qui découlent du paysage tourmenté des Dentelles constituent des terroirs structurés et uniques. La vigne y est présente sur les côteaux de la plupart des communes et permet de produire des vins reconnus : Gigondas, Vacqueyras, Beaumes de Venise... tous plus fameux les uns que les autres.
J'adore cet endroit.

C'est donc tôt, très tôt, plus tôt que l'aurore - je n'ai plus l'habitude de me lever aussi tôt môôôaaaaa ! - que je quitte mon lit douillet en ce samedi 21 mars pour m'apprêter et rejoindre chez lui mon 1er de cordée, Guy. Le beau temps est annoncé pour tout le week end mais avec du vent tout le long de la vallée du Rhône et le froid est pinçant. Brrrrrrrrrrr..........
Nous prenons au passage un 3ème larron, Fred qui n'habite pas très loin. Pas grand monde pour cette collective d'escalade mais bon, cela n'atteint en rien notre enthousiasme.
Le coffre est chargé de toutes nos affaires personnelles, de la bouffe et du matériel de grimpe : on dirait qu'on part pour six mois. Gosh !!!  Les choses prennent tellement de place parfois !
Fred a réservé deux chambres dans le gîte municipal de Gigondas, en plein milieu des vignes et  près des Dentelles. P3220605La route est plus longue que prévue suite à un accident survenu sur l'autoroute A7, un poids lourd s'est renversé sur la chaussée et immobilise la circulation. Arrivé à midi au gîte où l'on dépose notre barda, où l'on dévore vite fait notre repas et où l'on goûte aussi à mon gâteau au chocolat - façon môôôaaa puisque j'ai remplacé la crème fraîche vu que je n'en avais pas, par du fromage blanc. C'est super bon et en plus moins calorique alors, pour les critiques, vous repasserez !
Et on file sur la partie des Dentelles nommée la chaîne de Gigondas. La montée raide et caillouteuse nous réchauffe car le mistral souffle sévèrement. Après une bonne vingtaine de minutes de marche d'approche, nous arrivons au pied de la falaise, secteur des Pieds Nickelés - ça tombe bien, nous sommes trois. Barnette, la Vaisonnaise, la Directe de l'Arbre, l'Ex-Directe de l'Arbre, la Grande Plaque, le Papier Mâché seront les voies dont nous viendrons à bout cet après-midi-là.
Je ne suis pas une escaladeuse hors pair, loin de là mais jusqu'à présent, je me suis "dépatouillée" de toutes les "galères" - petites et presque sans risque - dans lesquelles j'ai cru me trouver. Ce sport est un exercice fabuleux pour développer sa force mentale. Il ne laisse aucun choix : on ne peut qu'avancer, monter. Pas question de rester entre-deux. Quand on a attaqué une voie, il n'est pas possible de revenir en arrière et de reculer. Il faut arriver au sommet, c'est la règle incontournable.
De nombreuses fois me sentant bloquée dans un passage plus ardu, à un moment ou à un autre sans alternative, je suis parvenue à trouver LA porte de sortie : me tenant du bout des doigts à un petit gratton rocheux, calant mon pied sur un relief à peine dessiné de la paroi, je rassemble mon énergie et ma volonté pour soulever mon ENORME popotin et d'une impulsion, réussir à attraper la prise suivante qui me permettra de progresser. C'est mieux qu'au loto : je gagne à tous les coups... Enfin, jusqu'à présent !
C'est sûr, ce n'est pas sans quelques râleries et jurons échappés de ci, de là que je m'élève. Mais enfin, cela me fait du bien et j'évacue ainsi la "pression". Et puis, je dois bien reconnaître que j'ai toujours été une grande râleuse - je sais que je vais faire plaisir à certains mais j'assume parfaitement, v'ouiiiiiiiiiii !!!
P3210577Je dois également dire que j'ai toute confiance dans les escaladeurs confirmés qui m'accompagnent, m'initient aux techniques de grimpe et maintiennent un niveau de sécurité optimal.
C'est un sport complet qui fait travailler tout le corps et l'esprit aussi car il faut apprivoiser le rocher en l'examinant avec attention et décider du meilleur chemin à prendre pour aller plus haut. C'est donc épuisant, c'est vrai mais quelle joie, quelle victoire sur soi que d'arriver au sommet et de jouir d'une vue toujours belle et imprenable sans cet effort.

En fin de journée, alors que le soleil faiblit, nous plions bagage promptement. Nous avons un achat prioritaire à faire : une bonne bouteille de vin pour agrémenter notre "fastueux" repas.
La cave que nous visitons à Gigondas, non loin de notre gîte et dans laquelle nous goûtons plusieurs vins locaux s'appelle "Le Caveau". J'y déguste un Syterres Bois-Neuf 2006 - au milieu sur la photo - qui correspond exactement à mes goûts : beaucoup de caractère, gras, fruité, fort en bouche et qui s'impose au palais. On se laisse tenter par un Séguret 2003 et séduire par un Gigondas 2001 qui sera notre élu pour notre festin du soir (plusieurs tournées de pâtes à la bolognaise, une gigantesque salade, plusieurs fromages et mon gâteau toujours au chocolat). Blurp !!!
Je vois déjà quelques sourires se dessiner : qui croyait que les sportifs ne savaient pas apprécier les bonnes choses de la vie ? Ne dit-on pas : après l'effort, le réconfort ? Sans aucun doute, ce réconfort-là est maître en la matière et moi, je ne suis pas la dernière et je ne suis pas sportive pour rien non plus : j'ai un bon lever de coude.

P3260007

Après une bonne nuit de sommeil et un petit déjeûner assez sobre (?!) au vu de la façon dont on a baffré la veille, nous repartons en ce dimanche 22 mars d'un bon pied sur une autre partie des Dentelles : la chaîne du Clapis, secteur Vistemboir.
Le vent est tombé et il fait plus doux. Les voies élues ce jour se découpent en quatre longueurs et se nomment : Vistemboir et les Vautours. Elles nous donnent à leur tour l'occasion de faire quelques descentes en rappel. J'adore cette façon de se
lancer dans le vide en glissant le long de la corde tout en restant maître de sa vitesse.
L'inconvénient pour nous, qui n'en n'est pas vraiment un, est que nous sommes une cordée de trois et chaque étape prend plus de temps. Celui qui part en tête installe les dégaines et la corde tout le long de la paroi et monte seul : dans le cas présent, Guy ou Fred à tour de rôle et puis, les deux autres montent en flèche - c'est-à-dire l'un derrière l'autre -  une fois le relais installé par l'homme de tête au sommet de la voie.

Nota bene à l'attention de ceux qui ne connaissent pas le matériel d'escalade :
- Une dégaine est un outil d'escalade utilisé pour attacher la corde aux points d'ancrage sur le rocher. Elle est composée de deux mousquetons simples reliés entre eux par un court anneau de sangle cousue.
- Une corde de rappel mesure 100 m et est de deux couleurs différentes (2 x 50 m).D_gaine

La corde de rappel est pliée en deux en son milieu, ce qui en laisse un brin à chacun pour grimper lorsque le 1er de cordée est prêt à nous assurer d'en haut. Je préfère passer en dernier ; ainsi, personne n'attend derrière moi en cas de ralentissement dû à une intense réflexion (?!) et je fais le ménage
en montant c'est-à-dire que je ramasse les dégaines. Et aussi, de temps en temps, je peux faire des choses pas très orthodoxes comme attraper une dégaine - avant que je ne l'ote du mur bien évidemment - pour m'aider à me hisser sans que personne ne me voit ; ce qui a le don d'énerver Guy au plus haut point car il trouve que ce n'est pas un bon moyen de progresser et ne manque pas de me le faire savoir... pas toujours rigolo ! Mais bon, je serais de mauvaise foi de dire qu'il a tort.
Zut, y'a des moments où je ne sais pas trop comment m'y prendre môôaaa alors je vais au plus facile !!!

Une nouvelle fois, la journée passe vite, entrecoupée par une pause casse-croûte qui nous cale bien et durant laquelle je me débrouille pour me renverser la moitié de ma danette à la vanille sur les genoux. Pas grave, je la mange quand même sous les quolibets de mes deux acolytes masculins. Même pas mal !!!
Inéluctablement, l'heure du départ approche et c'est avec un sentiment de satisfaction et de bien-être que nous quittons ce lieu magnifique. Sans regret car nous reviendrons... Tous les escaladeurs reviennent ici !
Je ne vois rien du retour. Je tombe endormie comme une masse à l'arrière de la voiture. Mais j'emmagasine des moments de bonheur comme celui-ci, ils me regonflent. Du coup, ces tranches de vie-là sont autant de pieds de nez aux épreuves et à la difficulté de vivre. 

Smiley_lunettes

P.S. : Guy doit m'envoyer ses photos. Dès leur réception, je les chargerai dans l'album correspondant.
Et la nouveauté, c'est que désormais, en cliquant sur les miniatures insérées dans les messages, une fenêtre à la taille originale de la photo s'ouvrira. C'est magique... A bientôt !

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